Tracy Latimer a été tuée il y a 30 ans aujourd’hui. Tracy, fillette vulnérable de 12 ans a été tuée par son père. Dans un geste de violence discriminatoire, Robert Latimer a voulu débarrasser Tracy d’une vie avec un handicap. Les Canadiennes et les Canadiens en situation de handicap ont été choqués non seulement par le meurtre de Tracy et les crimes analogues qui en ont suivi mais encore par la compréhension et le soutien manifestés par la population vis-à-vis des actes perpétrés par Robert Latimer.

En 2018, pour le 25 ème anniversaire de la mort de Tracy, nous, à Inclusion Canada, avons publié un blog rendant hommage à la vie de Tracy et expliquant que sa mort pouvait instruire les discussions alors émergentes sur la légalisation de l’aide médicale à mourir(AMM) pour les mineurs matures. Aujourd’hui, en ce 30ème anniversaire de la mort de Tracy, nos inquiétudes n’ont fait que croître.

Il y a cinq ans, l’aide à mourir était strictement une solution de fin de vie – un moyen pour les personnes dont la mort était « raisonnablement prévisible » d’être aidées à mourir paisiblement. Maintenant, cinq ans plus tard, la loi a changé et l’aide à mourir est offerte aux personnes en situation de handicap dont la mort n’est pas « raisonnablement prévisible. ».

Les personnes marginalisées, victimes d’une oppression systémique et de soins inadéquats sont en train de mourir. Leurs tendances suicidaires sont cautionnées et facilitées par le même État qui ne répond plus à leurs besoins fondamentaux. Il en sera bientôt de même (17 mars 2024) pour les personnes dont la « seule maladie sous-jacente » est une maladie mentale. .

Par conséquent, en 2023, lors de leurs débats sur la possible légalisation de l’AMM pour les mineurs matures (la pratique n’est pas encore légale), les élus se demandent si l’aide médicale à mourir doit être accordée aux mineurs en situation de handicap ou souffrant d’une maladie mentale, sans toutefois être près de mourir. Cela touchera les populations à risque, notamment les jeunes autochtones.

Un Comité de députés fédéraux et de sénateurs a récemment recommandé que l’AMM ne soit offerte qu’aux mineurs matures dans des scénarios de fin de vie. À cet effet, selon les experts qu’ils ont cités, cela entamerait « une approche progressive » qui permettrait aux Canadiens de s’habituer à l’idée que des mineurs puissant quitter ce monde avec l’AMM.

Les autorités attendant que les Canadiens soient à l’aise avec l’idée du suicide assisté pour les mineurs matures en situation de handicap. Et comme nous l’avons appris avec la mort de Tracy Latimer, tout nous porte à croire qu’ils le seront sous peu. Il nous incombe donc, individuellement et collectivement, d’afficher nos réactions les plus instinctives et de reconnaître le capacitisme quand il arbore son visage hideux. Et tout comme en 2018, nous terminerons ce blogue en demandant : « En tant que pays, aimons-nous la direction que nous prenons? »

Cinq ans plus tard, nous à Inclusion Canada, nous pouvons en toute confiance affirmer que non.